Nouvelles
Cycle 3
Imaginaire jeunesse
3 min
Sam et l’école très bizarre
Hector Ringwood
Hector Ringwood
Sam avait neuf ans et il venait de déménager à l'autre bout du pays. Aujourd'hui, il allait entrer dans une nouvelle école.
— Les enfants, je vous présente Sam, votre nouveau camarade de classe, annonça la maîtresse, madame Diane.
Sam leva timidement la main pour saluer. Personne ne répondit. Tous les élèves le fixaient avec des yeux ronds, comme s'il venait d'une autre planète.
Il se sentit rougir. Il n'aimait pas être au centre de l'attention.
Madame Diane lui montra une place libre au fond de la classe, près de la fenêtre. Sam s'y dirigea d'un pas hésitant.
— À présent, dit la maîtresse, sortez votre livre des mythes.
Un livre des mythes ? Sam sentit son cœur faire un bond. Il n'en avait pas. En fait, il n'avait aucun livre du tout. Il prit une grande inspiration, rassembla son courage et leva la main.
— Oui, Sam ? dit madame Diane.
— Je n'ai pas de livre.
— Ah ! s'exclama-t-elle. Le proviseur a dû oublier de te les donner.
Elle se tourna alors vers un garçon assis près de Sam.
— Ali, peux-tu accompagner Sam jusqu'au bureau du proviseur pour qu'il récupère ses livres, s'il te plaît ?
Sam et Ali sortirent de la classe. À peine la porte refermée, Ali se tourna vers Sam.
— C'est la première fois que je vois un nouveau arriver en cours d'année, déclara-t-il.
— Ma mère a eu un nouveau travail. On a dû déménager, répondit Sam.
— Ah, je vois... Elle doit sûrement travailler pour le Conseil des Grands Magiciens, dit Ali en se frottant le menton. D'habitude, l'école de magie n'accepte jamais de nouveaux élèves en cours d'année.
Sam fronça les sourcils.
— L'école de magie ?
— Bah oui, l'école de magie, répondit Ali, comme si c'était la chose la plus normale du monde.
— La magie, ça n'existe pas, déclara Sam.
Il commençait à se demander si ce garçon ne se moquait pas de lui.
— Tu ne me crois pas ? lança Ali. Eh bien, je vais te montrer !
Ils s'arrêtèrent devant une porte orange.
— Ici, c'est la classe Orange, chuchota Ali. On y apprend les sorts d'invisibilité.
Il poussa doucement la porte, juste assez pour jeter un coup d'œil à l'intérieur. Puis, il se tourna vers Sam, un sourire aux lèvres.
— Tu as de la chance ! Monsieur Amon a rendu toute sa classe invisible. Regarde !
Ali s'écarta pour laisser Sam jeter un coup d'œil. Mais Sam ne vit qu'une salle vide, avec des bureaux, des chaises... et rien d'autre.
— Je ne vois personne, dit-il.
— Ben oui, c'est normal ! Ils sont invisibles, répondit Ali.
Sam souffla, agacé. Il en était sûr, maintenant : Ali se moquait de lui.
— Oh, regarde ! dit Ali en désignant une autre salle. Ici, on apprend à faire des potions ! Une fois, j'ai fait une potion de vitesse. J'ai couru tellement vite que je me suis retrouvé au Mexique en à peine quelques minutes. Heureusement qu'on a toujours une potion de "retour à l'école" sur nous. Il jeta un œil par l'entrebâillement de la porte, puis poussa un soupir déçu.
— C'est nul. Ils étudient la potion de sommeil.
Intrigué, Sam regarda lui aussi. Il aperçut des élèves affalés sur leurs tables, en train de dormir. Le professeur dormait aussi, la bouche grande ouverte. C'était étrange, oui. Mais pas forcément magique. Peut-être qu'ils faisaient juste une sieste.
Sam secoua la tête. Il commençait à être agacé par ce petit jeu.
— Oh ! J'ai une idée, s'exclama Ali. On va passer par la classe des balais magiques !
Sam vit des enfants courir partout dans la classe, chacun chevauchant un vieux balai.
— Mais ils ne volent pas ! s'étonna Sam. Ils courent juste avec un balai entre les jambes.
— S'ils volaient déjà, ils n'auraient pas besoin d'apprendre, répondit Ali.
Sam fit la grimace. Il n'y avait rien de magique. Mais quand même... pourquoi ces élèves couraient-ils avec un balai ? C'était bizarre.
— Tu es difficile, toi ! soupira Ali. Bon, tant pis. Allons chercher tes livres.
Sam et Ali marchèrent jusqu'à une grande porte blanche, au bout d'un couloir.
Ali frappa à la porte.
— Entrez ! tonna une voix grave.
Ils entrèrent dans une immense pièce. Au milieu, derrière un grand bureau, se dressait un arbre imposant... mais Sam ne vit personne.
— Bonjour, monsieur le proviseur, lança Ali.
— Bonjour, Ali, répondit alors l'arbre, deux énormes yeux s'ouvrant soudainement dans l'écorce.
— Tu dois être notre nouvel élève, Sam, déclara l'arbre. Nous avons reçu tes livres ce matin.
L'une des branches de l'arbre s'agita et ramassa un tas de livres, puis les déposa dans les mains de Sam.
Sam regarda les livres, émerveillé.
— Merci, murmura-t-il, surpris.
Ali fit un petit signe de la main.
— Au revoir, Monsieur le Proviseur !
— À bientôt, jeunes magiciens, répondit l'arbre en fermant lentement ses yeux.
Quand Sam et Ali sortirent, Ali remarqua que Sam était tout pâle.
— Qu'est-ce que tu as ? demanda Ali.
— Le... le proviseur... c'est... c'est un arbre, murmura Sam.
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Illustration : Mathilde Ernst
Ici, on lit des histoires courtes
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